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Vladimir Poutine: Portrait
Фото: Дружинин Алексей / ТАСС
Политика

Vladimir Poutine: Portrait

Si Vladimir Poutine a une vision du pouvoir différente du reste du monde, c’est parce qu’il n’est pas un homme politique. Il n’a jamais fait carrière. Il est, comme l’ont souvent été les grands hommes au fil des siècles, l’héritier d’une époque qui a magnifié ce qu’elle lui a offert. L’époque d’un bouillonnement historique où la Russie tâtonnait et cherchait son avenir et les clés de son redressement dans un contexte politique profondément instable, dépecée par les loups avides de l’intérieur et guettée par les vautours de l’extérieur. Poutine est un véritable Chef d’Etat, devenu ce qu’il est par les hasards de l’Histoire et la pression des événements. La sédimentation du temps, la solitude sur les cîmes et la souffrance de l’exercice du pouvoir ont affiné son regard de visionnaire.

Trop peu d’ouvrages ont rappelé combien le destin du Président russe est inédit.

 Vladimir Vladimirovitch Poutine a été porté jusqu’à la magistrature suprême, après avoir suivi une route plus qu’improbable ; Saint Petersbourg, le parti Nach Dom Rossiia,  le cabinet du Président de la Fédération, le Conseil de Sécurité, le poste de premier ministre pendant quelques mois, puis la Présidence, tout cela en trois années... Il n’a jamais couru après le pouvoir. Il est légitimiste, il aime la stabilité, comme il le montre en 1991 en refusant de soutenir les putschistes. Cela le conduira d’ailleurs à quitter – fait rare - formellement le KGB par esprit d’indépendance. D’une fidélité sans faille, il refuse d’abandonner Sobtchak après sa défaite à la mairie de Saint Petersbourg ; on lui reprochera son manque d’opportunisme… Quand Eltsine fait appel à lui pour diriger le gouvernement en déroute,  il refuse d’abord, doutant de sa propre capacité à réformer le pays. Combien à l’ouest récuseraient pareil mandat ? Vladimir Poutine est devenu l’un des plus grands chefs d’Etat de la Russie sans l’avoir véritablement voulu,  c’est l’Histoire qui l’a choisi.

 On doit en effet rappeler que quand Poutine arrive au Pouvoir en Mars 2000, il est un autre, il ne sait pas lui-même quel avenir l’attend, et comment il habitera bientôt la haute fonction que le destin lui a choisie. Issu d’un milieu populaire, ouvrier et paysan, il porte en lui le germe de cette force russe de caractère et de ce charisme qui lui donnent l’autorité naturelle des vrais souverains. Il vient de « la base », aussi la comprend-il et l’aime-t-il profondément. C’est l’usine et la terre russes qui ont donné Poutine à la Russie. Une terre immémoriale, marquée par la sueur et le sang, de générations burinées par la souffrance comme ses parents l’ont vécue, balayée par les vents glacés et humides de l’Oural et des mers nordiques. Une terre immense, sans confins, où l’homme se perd et courbe naturellement la tête, inclinant à l’humilité comme le dit Soljenitsyne, plutôt qu’à la superbe des bourgeois qui naît des petits horizons confortables et ensoleillés, où l’homme se croit arrivé seul et cultive ses arrogances. C’est cela, la terre de Poutine. Un grand père mort au champ d’honneur, des parents d’extraction simple et d’origine largement provinciale, deux frères morts en bas âge, une vie exigeante et une jeunesse rugueuse vont faire de Poutine un homme tout en retenue, un combattant à la force tranquille et constante, et à la fibre profondément patriote, qui sait que l’Histoire est tragique.

 Mais les inclinaisons naturelles de son tempérament le portent à la discrétion, à la réserve et à une timidité de bon aloi. Vladimir Poutine n’est pas un gesticulateur, un amateur de grandes déclamations, un familier des huiles du monde, sous le feu des projecteurs. Il est allé vers le pouvoir à reculons. S’il commence par choisir le KGB, ce n’est pas seulement par patriotisme mais également par goût de l’action et de la discrétion. On voit trop souvent cet univers par le prisme des intrigues et des supposés « coups tordus », mais on oublie que les hommes des services secrets acceptent, par la nature même de leurs activités non seulement de se sacrifier, mais encore de le faire dans le silence total et l’oubli qu’exige leur vocation. Quand Poutine entre au KGB, il est loin, très loin de la Politique.

ПутинФилипп де Вилье и Президент РФ Владимир Путин во время встречи в Ливалийском дворце. Фото: Михаил Митцель / ТАСС

Il a cette forme d’humilité qui est par nature contraire à la comédie orgueilleuse qu’est devenu le théâtre des démocraties occidentales, mais déjà, il s’intéresse à la chose publique, et souffre personnellement de voir son pays au bord du chaos. Si le recul de l’histoire nous permet de nous réjouir de l’effondrement du communisme, il faut imaginer ce qu’a été la période 89-95 pendant laquelle la Russie s’est trouvée au bord d’un gouffre absolu, et aurait pu véritablement exploser, victime de ses irrédentismes caucasiens, de ses 80 ethnies naturelles et de son immensité quasiment incontrôlable. C’est un véritable miracle que d’avoir préservé l’intégrité territoriale de la Russie, trente ans après. Il faut aller notamment chercher les ressorts secrets de la décision de Poutine sur la Crimée dans cette époque où sa génération a assisté à la dislocation ponctuelle de l’autorité de l’Etat, au glissement de toute la Russie sur la pente de l’abîme, menacée de désagrégation par toutes les forces centrifuges d’un empire qui se décompose.

 Cependant que, dans ce chaos, Poutine calme la foule devant l’ambassade de Russie, à Berlin Est, en ce mois  de mars 1989, sortant seul en arme, la Politique meurt définitivement à l’Ouest. Mais il ne le sait pas encore. Il s’en apercevra vingt ans plus tard. Alors que la Russie s’apprêtait à jeter le communisme moribond aux pieds du mur de Berlin, l’Ouest prenait un tournant historique d’où sortirait, trente plus tard, la véritable incompréhension qui habite les relations entre Vladimir Poutine, l’Europe et les Etats-Unis. Après avoir inventé la peste brune et la peste rouge, l’Occident, pour la première fois dans l’Histoire des hommes, allait s’ingénier en trente années à tuer l’idée du Bien commun supérieur, qu’on appelle la politique, dans son ultime période de croissance euphorique. L’économique allait surplomber, phagocyter définitivement le politique, et la transcendance allait être évacuée à jamais de la sphère publique. Le monde occidental a renversé les hiérarchies du pouvoir et a mis à mort la perspective immatérielle de la société, le sens de la vie, la puissance des symboles et la véritable grandeur de l’Homme appuyée sur son rêve édenien.

Le nouveau rêve, c’est le rêve américain. Le Dollar comme horizon et la procédure comme relation. Le droit moral a cédé la place au droit civil, tout doit être régi par la loi. Juridisme sans âme. La morale naturelle poussait les hommes à s’amender avant l’erreur, le droit positif les oblige à sanctionner ses conséquences. Le bon sens a disparu, celui sur lequel Poutine s’appuie comme sur une doctrine aussi évidente qu’invisible, celle vantée par Soloviev, un des auteurs de chevet du Président ; le bon sens s’est effacé derrière la règle du droit positif et le diktat des forces occultes et des sphères d’influence..

Le nouvel horizon des jeunes générations européennes se perd dans les brumes lointaines du matérialisme codifié par les Anglo-saxons, l’hédonisme consumériste. Les arts eux-mêmes se sont vidés de leur contenu à l’Ouest, avec ces gesticulations contemporaines dont les masques difformes et ridicules tomberont bientôt sous la pression populaire qui verra finalement que, selon la célèbre expression, « le roi est nu ». Le Président russe ne veut pas de cette société, et veut incarner la Politique au sens noble du terme. La vision du Pouvoir de Poutine plonge ses racines dans la civilisation, elle est donc hiérarchique, centralisée, structurante, régalienne, symbolique, et animée par le spirituel.

 A l’époque où Vladimir Poutine participe avec ses amis à la reconstruction délicate de son Etat, il ne voit pas encore que l’Union Européenne, dont les prospérités apparentes sont trompeuses, dopée par des marchés financiers dont les produits spéculatifs américains permettent de fabriquer des profits accélérés, glisse lentement à l’abîme. Elle enfante la société de l’hyper-communication. Les démocraties occidentales deviennent les esclaves définitifs des mass-médias et les médias les valets de la foule. Or « la foule trahit toujours le peuple » comme le dit Victor Hugo. Et si Poutine, cité par Hubert Seipel à bon escient, insiste sur le fait qu’il « fait ce que son peuple attend de lui », il écoute la voix de sa conscience et de la Russie ; il se méfiera d’autant plus, au cours de ses mandats, des gesticulations de la presse qu’il perçoit la déliquescence de la démocratie à l’ouest.

Les chefs d’Etat occidentaux n’écoutent plus, eux, que l’onde de l’instant galvanisé par les médias avides de simplifier la réalité pour vendre du papier. La Démocratie s’est emballée, enivrée par trop de transparence et de liberté illusoire. Un fossé définitif va se creuser entre les chefs d’Etat qui gouvernent le monde, c’est-à-dire d’un côté le Président des Etats-Unis, et ses obligés, les dirigeants de l’Union Européenne à commencer par l’Allemagne, et de l’autre Vladimir Poutine. Les malentendus historiques vont se multiplier et il va devoir répondre aux provocations systématiques et aux erreurs d’analyse de l’Ouest.

 Et pourtant, Vladimir Poutine, quand il arrive au pouvoir, cultive un état d’esprit bienveillant vis à vis de l’Ouest. Il a montré sa vision des relations Russie-Etats-Unis dans ce fameux article de novembre 1999 publié dans le New York Times, qu’il réitère dans sa fameuse adresse « La Russie à l’aube du Millénaire » en décembre 2000, texte fondateur pour qui veut comprendre la vision du monde du Président russe. Alors même que, par une rupture de parole donnée des Américains, sans aucune justification autre que la pression des Etats-Unis, la Hongrie, la Pologne, et la République Tchèque rejoignent l’OTAN… Poutine, jusqu’en 2007 et malgré les déjà très nombreuses agressions américaines subies par son pays et lui-même, va tout faire pour maintenir la coopération renforcée avec les Etats-Unis.

Quand il inaugure à l’automne 2007 la collaboration entre Lukoil et les Américains sur le sol New Yorkais, il accepte de se rendre dans le ranch privé de Georges Bush, et souligne la qualité de leurs relations à l’époque. Le G8 se tient en Russie, on y prend des photos cordiales, le temps est encore au beau fixe, même si l’Ours insoumis commence à agacer le grand Aigle…  

 L’ironie de l’histoire veut que Vladimir Poutine soit effectivement arrivé au pouvoir avec le soutien indirect du clan Berezovski. Cet oligarque qui trahira plus tard le Président russe était totalement inféodé aux Américains. Mais cette période paradoxale a permis à Vladimir Poutine de voir comment fonctionnait la machine « USA » quand il assista à l’arrivée sur le sol russe en 1996 d’une armée de spin doctors américains, qui s’installèrent à l’hôtel Président pour faire passer Eltsine et éviter le retour de Zyuganov, le leader communiste.  Le FMI prêta alors des milliards à la Russie, et le Time consacra Berezovski, comble des combles, en apôtre de la démocratie ! Poutine assiste à cette comédie cynique, et continue d’apprendre sur le monde... Sans jamais succomber à l’aigreur.

Quand il a le courage, en visionnaire incompris, de s’attaquer à l’islamisme radical des terroristes dirigés par Chamil Bassaiev et Ibn al Khattab, qui veulent créer au Daghestan un « Etat Islamique » (!), on lui demande de se justifier devant le parlement américain, et d’expliquer son déni de démocratie ! Dans un article qui fera date par sa puissance d’anticipation, il adresse une mise en garde sur la menace qui pèse sur les Etats-Unis comme sur le reste du monde, deux ans avant le 11 septembre. Nous avons oublié ses mises en garde prophétiques…

 L’année 2004 est un tournant, avec la révolution orange en Ukraine, organisée par la CIA, et l’adhésion massive à l’OTAN des pays voisins de la Russie (Bulgarie, Roumanie, Estonie Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Slovénie). Poutine considérait jusque là avec soin les étapes d’une possible réconciliation, mais les agressions yankees successives soutenues par l’Union Européenne vont abîmer sa relation avec l’ouest. On va lui fabriquer une image de provocateur et d’ennemi de la paix – en fait la pax americana.

 La béance va continuer de s’élargir entre l’Ouest et la Russie. Cette béance a été creusée par les Européens. Dans cette faille coulent les eaux nauséabondes d’une vision purement consumériste et libertaire de la société. Là où un volontarisme destructeur des élites européennes évacue définitivement Dieu et les traditions populaires de la société, Poutine réconcilie la Russie avec elle-même, et pose même des actes d’une portée historique immense. Alors il fait rapatrier les cendres de Denikine à Saint Petersbourg, il rétablit l’honneur des Romanov en les réhabilitant, il met au pas les oligarques en leur imposant de financer la construction de nombreuses églises dans tout le pays; il agit également dans la plus grande discrétion pour réconcilier les deux églises orthodoxes, le patriarcat de Moscou et l’église en exil, séparés depuis 1917, et parvient à cette réconciliation en mai 2007. Bientôt, il fait voter par son parlement une loi restituant les biens spoliés à l’Eglise, lui garantissant son indépendance financière par la même occasion, donc l’indépendance des pouvoirs.

ПутинПутин - глубокий человек, с сильным внутренним миром, который верит в силы Духа. Фото: Kremlin Pool / Globallookpress   

Poutine a tout compris de ce que doit être l’équilibre subtil qui régit les relations entre le spirituel et le temporel qui s’irriguent mutuellement, et il incarne magnifiquement cette relation disparue depuis longtemps chez nous. C’est un homme profond, intérieur, qui croit aux forces de l’Esprit. Il fut baptisé en secret par sa mère Maria Ivanovna, et possède une belle dévotion à Sainte Elizabeth. Il est également très attaché aux symboles. Là où l’Occident s’en est débarrassé sans s’apercevoir qu’ils sont le nerf optique de toute société humaine qui veut regarder au-delà des collines de l’instant. Poutine considère que la symbolique doit habiter le politique. Il communie aux deux espèces de l’Auctoritas et de la Potestas de l’ancienne Rome.

Il pense en grec plus qu’en anglo-saxon. Il voit la politique comme héritière de la hiérarchie des fonctions essentielles d’une société, empire des symboles par excellence, ces liens mystérieux qui lient les corps sociaux les uns aux autres en leur offrant une perspective commune. Il est tout autant un homme d’action qu’un homme d’esprit, il ne supporte pas l’injure. La « culture » occidentale de la provocation et des Pussy Riot qui beuglent vainement sur l’autel de la basilique « Merde, Merde, Dieu de Merde ! » lui est totalement étrangère, comme probablement toutes ces marches des supposées fiertés qui vomissent leur décadence sous les yeux enfiévrés d’un monde occidental à la dérive.

 Il faut connaître la vie du Président et ces faits oubliés ou inconnus, qui, lorsqu’ils sont mis en perspective, montrent à quel point la vision du pouvoir de Vladimir Poutine et la conception qu’en a l’Occident, sont devenues incompatibles. Nous avons abandonné le véritable pouvoir, son ciment s’est dilué dans nos idéologies mortifères de la « mondialisation heureuse » et nos sociétés sont menacées d’éclatement et de déracinement. Elles se décomposent. Quand Poutine s’appuie sur un empirisme imprégné d’Histoire, nous nous coupons chaque matin un peu plus de nos attachements vitaux et courons après de nouveaux empires chimériques et une décivilisation. Nous laissons l’Ukraine dans le chaos, mettons à bas les régimes qui nous protègent du terrorisme, sanctionnons nos amis et nous soumettons totalement aux puissants du moment...

 L’Ouest inventa l’idéologie et la donna à l’Est en héritage. Mais grâce à l’Est, l’idéologie est morte, enterrée dans les sables profonds de la Taïga, et dans les ruines des goulags. Puisse Vladimir Vladimirovitch Poutine nous livrer un jour l’antidote au mal qui nous ronge, et puisse le peuple russe mesurer combien Dieu l’honore en lui offrant pareil serviteur!

Nous avons eu l’immense honneur de rencontrer Vladimir Poutine en Crimée, à la résidence d’été des Tsars de Levadia. Nous y avions été saisi lors de cette rencontre par la consistance du personnage. Sa vigueur, sa force, l’intelligence de son regard, la vivacité de son esprit, la simplicité de son verbe qui raréfie la glose inutile à mesure qu’on s’élève dans le propos. Nous y étions également frappé par la gravité bienveillante de l’homme. Sur son visage on lit à la fois la souffrance du poids du pouvoir assumé, tendu vers le service des autres, vécu comme un sacerdoce, et contraint par autant de décisions difficiles et d’agressions permanentes, mais également une véritable bienveillance. Et cette propension à l’amitié et à l’humour qu’ont les Russes parce qu’ils sont authentiques et qu’ils savent toiser l’épreuve et le destin, en feignant d’embrasser le Temps comme un allié.

Poutine a conscience de sa responsabilité devant les hommes. Son rôle a dépassé les frontières de la Russie, et ses décisions ou conseils auraient de nombreuses fois protégé l’Occident de lui-même si nous, l’Amérique et l’Union européenne, l’avions écouté.

Quand Colin Powels brandissait une fiole au contenu incertain devant les crédulités du monde, au Conseil de Sécurité, pour convaincre cette assemblée subjuguée par sa conviction apparente, de la nécessité d’aller renverser un régime, la Russie à travers Poutine s’y opposa la première. Il nous a mis en garde sur la Libye, les « printemps arabes », dont les vents révolutionnaires se sont transformés aujourd’hui presque partout, en tempêtes radicales incontrôlables. Il nous avait expliqué l’Ukraine, dont les élites corrompues révèlent aujourd’hui leur vrai visage aux Américains qui tentent de les gouverner.

Quand la France était attaquée au Bataclan, après avoir instruit les milices d’Al Nosra sur ordre de notre gouvernement, que l’Etat Islamique se déchaînait, renversant des milliers d’années de civilisation à Palmyre, infiltrant les rangs des millions de migrants qui sont venus profiter de notre faiblesse et de notre naïveté pour noyer un peu plus le flot de nos humeurs apatrides dans une marée définitive, Poutine, seul contre le reste du monde, intervenait aux côtés des troupes de Damas.

Il a à nouveau démontré sa lucidité et son réalisme en Syrie. Où serions-nous sans son intervention aujourd’hui ? Il a changé le cours de l’histoire. Et au moment où j’écris ces lignes j’apprends que le G7, qui prétend aujourd’hui représenter les intérêts du monde et s’autoproclame « communauté internationale » alors qu’il ne représente pas même un quart de la population mondiale, vient de prolonger les sanctions contre la Russie quand notre échec en Ukraine saute aux yeux de tous.

Il faut admirer la patience, la sérénité, et l’espérance profonde du Président russe qui continue de se battre seul contre la folie des nations. Alors qu’il serait si urgent de faire l’Europe des Chrétientés, l’« Europe de l’Atlantique à l’Oural ». Et nous savons que, derrière le masque du chef, se cache un homme à la sensibilité réelle, celle des larmes de la place du manège, le soir du 4 mars 2012, ignorées par la plupart des observateurs et qui pourtant, constituent chez le Président la source même de ses fidélités, de l’amour profond qu’il voue à son peuple et à son pays, et de sa conception de la politique sacrificielle.

Mais le Prince est seul, et à mesure qu’il s’oppose à nos errances, notre presse le condamne à la vindicte des élites constituées en tirant sur le tableau pour déformer la peinture de ce qu’il est véritablement. Nous voulons en faire le catalyseur des maux du monde, en déclarant et en martelant solennellement son isolement parce qu’en Europe, on croit encore depuis 1789 que les mots fabriquent le réel, alors que le réel se venge de ceux qui lui mentent. Pendant ce temps, la Chine, l’Inde, une bonne partie de l’Amérique du Sud et de l’Afrique regardent cette comédie globalitaire avec un œil philosophe, attendant que les pages du système mondial se tournent tranquillement…

La vie du Président est unique. Elle est la chronique d’un grand caractère. Le seul homme d’État en Europe, à l’heure où le monde aurait tant besoin d’avoir plusieurs Vladimir Poutine. L’Histoire lui rendra justice : il a servi, il a enduré, il a incarné son pays. Il est de cette Russie éternelle qui nous touche, et mérite notre amour et nos fidélités.

 

Philippe et Guillaume de Villiers

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